Benyamin Nétanyahou sur le point de détruire Israël et les Palestiniens
Une bonne partie de ce que vivent Israéliens et Palestiniens aujourd’hui leur est arrivée durant le mandat de Benyamin Nétanyahou. Ce dernier pense que les Palestiniens constitueront toujours une menace existentielle pour Israël, ce qui l’a conduit à mener des politiques nationales qui portent gravement atteinte aux principes fondateurs de liberté et d’égalité du pays. En parallèle, il a pris des mesures extrêmes pour supprimer les Palestiniens et maintenir l’occupation israélienne afin de les tenir à l’écart. Ces mesures ont entraîné la désintégration du tissu social des deux sociétés et empêché la montée d’une nouvelle direction politique pour changer le cours des événements.
Malgré ses réalisations technologiques, économiques et militaires remarquables et le développement spectaculaire de ses relations commerciales et diplomatiques depuis sa création en 1948, Israël n’a pas respecté sa promesse. Sous la gouverne de Nétanyahou, la démocratie israélienne se dégrade, l’unité d’objectif entre les juifs d’Israël et les juifs de la diaspora s’effrite, la fracture sociale et politique entre Israéliens se creuse dangereusement, et la perspective de vivre en paix et en sécurité devient proprement intenable.
Durant la même période, la situation des Palestiniens s’est aggravée de façon inquiétante. Ceux-ci demeurent dépendants d’aides financières et des millions de réfugiés se morfondent toujours dans des camps. Marqués par l’insécurité et le désespoir, les Palestiniens sont en train de se désintégrer socialement et politiquement. La désolation des jeunes Palestiniens et la résignation des plus vieux, face aux perspectives de moins en moins nombreuses de fuir la dure réalité de l’occupation, ont intensifié leur haine et leur ressentiment vis-à-vis de l’État hébreu. Le rêve lointain des Palestiniens, qui espèrent un jour établir leur propre État, s’évanouit à toute vitesse.
Benyamin Nétanyahou semble avoir oublié que la survie historique des juifs et le secret de cette survie ne reposaient pas sur les prouesses militaires, sur la dextérité financière ou sur les technologies les plus avancées, mais bien sur un engagement moral inébranlable en faveur des droits de l’Homme, des droits civils et de la fraternité humaine. Les juifs ont toujours soutenu les plus démunis et les désespérés, en défendant les causes de la liberté, du libéralisme et de l’égalité. Ces attributs étaient enracinés dans leur âme et leur esprit, en raison, essentiellement, des expériences horribles qu’ils ont vécues tout au long des millénaires de désespoir, de persécution, d’expulsion, de discrimination et de mort.
On pourrait croire que ces expériences historiques terrifiantes influenceraient Nétanyahou et ses partisans à respecter pleinement les droits humains et à épuiser tous les moyens inimaginables pour ne pas trahir ces principes dans les relations avec les Palestiniens. Hélas, le Premier ministre israélien profite de certains Palestiniens qui résistent encore à l’existence de l’État hébreu pour légitimer les actions de son gouvernement contre le peuple palestinien.
Benyamin Nétanyahou a ainsi encouragé l’adoption de la loi sur « l’État-nation », qui relègue les non-juifs au rang de citoyens de seconde zone. Cette loi affirme en effet que « l’État d’Israël est le foyer national du peuple juif, dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, religieux et historique à l’autodétermination ». La loi sur « l’État-nation » discrimine les citoyens arabes israéliens, intensifie leur ressentiment et leur haine vis-à-vis de l’État, et creuse le fossé entre les deux camps, ce qui augmente dangereusement la vulnérabilité d’Israël de l’intérieur.
Benyamin Nétanyahou a soutenu la décision de Donald Trump de réduire le financement américain alloué aux organisations qui promeuvent le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, et a interdit des dizaines d’autres organisations israéliennes qui se consacrent à la cause de la paix de réunir des fonds dans des pays étrangers. Le Premier ministre israélien se refuse au processus de réconciliation nécessaire entre les deux parties, qui est essentiel à leur coexistence pacifique et qui constitue le seul moyen de résoudre le conflit. Il ne fait aucun doute que Benyamin Nétanyahou est en train de démolir – au lieu de construire – les ponts pour promouvoir la paix.
En outre, Benyamin Nétanyahou est en train de détruire la démocratie israélienne brique par brique, en s’attaquant d’abord à l’appareil judiciaire, l’institution la plus vénérée et la plus indépendante d’Israël. Il soutient un amendement qui transfère la compétence de la Cour suprême pour certaines affaires concernant la Cisjordanie, ce qui compliquera ses injonctions visant à supprimer des avant-postes et des colonies illégales, et une autre loi qui permettrait aux membres de la Knesset de rétablir des lois invalidées par la Cour suprême.
Selon Esther Hayut, présidente de la Cour suprême d’Israël, cette proposition de loi « ignorerait les droits de l’Homme de chacun dans la société israélienne ». « Il [l’amendement] annule la loi fondamentale. L’utilisation cynique du problème des infiltrés comme prétexte pour légiférer un tel projet de loi ne peut masquer sa signification destructrice », a-t-elle ajouté.
Sous la houlette de Nétanyahou, le pouvoir grandissant de l’institution religieuse orthodoxe et le glissement progressif du pays vers l’extrême droite sont effectivement en train de brouiller les lignes de séparation du pouvoir entre « l’Église et l’État ». Benyamin Nétanyahou a apporté son soutien au ministère des Services religieux qui a menacé d’interdire aux « Femmes du mur » de prier au Mur des Lamentations, les avertissant que si elles n’obéissaient pas, elles ne seraient pas du tout autorisées à prier. Malheureusement, ce qui est révélateur, c’est que la police n’a rien fait pour mettre un terme aux attaques physiques et verbales perpétrées à l’encontre des femmes désirant prier au Kotel en juillet.
Il a isolé davantage la diaspora juive, en particulier aux États-Unis, en cédant aux institutions rabbiniques. Il est revenu sur sa décision de permettre aux hommes et aux femmes de prier ensemble au Mur des Lamentations, ce qui aurait constitué un accord historique avec les confessions juives libérales. Il ne s’agit pas seulement d’un affront, mais d’une attitude de défi devant l’un des aspects les plus fondamentaux de la survie des juifs, qui maintient leur affinité puissante et intransigeante malgré leur dispersion dans plus de 100 pays.
Enfin, Benyamin Nétanyahou érode progressivement l’un des piliers centraux de la démocratie, à savoir la liberté de la presse. Il est devenu très critique envers la liberté de la presse et s’est immiscé dans les affaires de pas moins de 13 médias. Alors qu’il fait l’objet d’une enquête dans le cadre des affaires 2000 et 4000, il tente constamment de manipuler les médias afin de bénéficier d’une couverture favorable, il accroît l’ingérence politique et se sert activement des tribunaux pour propager des procès en calomnie et en diffamation, tout en étendant la censure militaire aux médias sociaux.
Chaque mesure prise par Benyamin Nétanyahou fragilise profondément l’existence même d’Israël. Mais la plus grande menace telle que nous la connaissons est celle des dirigeants israéliens, en particulier la réticence de Nétanyahou à faire face de manière réaliste au conflit avec les Palestiniens tout en agissant pour détruire l’aspiration des Palestiniens à l’indépendance. Au lieu de poursuivre une quête inlassable d’une solution dictée par l’irréprochable réalité de coexistence, Benyamin Nétanyahou préfère réprimer le mouvement national palestinien par tous les moyens nécessaires, y compris par la force.
Toutes les mesures punitives prises à l’encontre des Palestiniens, qu’il s’agisse de détentions administratives, de démolitions de villages palestiniens, comme Khan al Ahmer, en faveur de nouvelles colonies israéliennes, d’expropriations de terres privées pour construire des avant-postes israéliens, de raids nocturnes, de mobilité limitée, de refus de permis de construire, d’arrachages d’oliviers, et d’incarcérations arbitraires, ont entraîné la destruction progressive du tissu social et de la cohésion des Palestiniens. L’humiliation des Palestiniens depuis trois générations a rendu leurs dirigeants actuels impuissants, n’ayant peu ou rien à offrir pour changer leur sort.
Une chose est sûre, Benyamin Nétanyahou a trahi la raison même de la création d’Israël : vivre en paix, offrir un refuge sûr aux juifs, et favoriser des liens forts et inébranlables avec la diaspora juive, tout en se nourrissant les uns les autres pour maintenir leur force, leur harmonie et leur but.
Nétanyahou aurait pu être le Premier ministre à signer un accord de paix avec les Palestiniens, mais ce n’est pas le cas, car il est déterminé, depuis le début, à empêcher la création d’un État palestinien tant qu’il sera au pouvoir.
Il laissera derrière lui un État paria transformé en garnison et une communauté palestinienne éclatée, tout en retardant la perspective de paix pendant encore une trentaine d’années.